Quand on parle de bivouac, une image nous vient tout de suite en tête : celle d’une tente perdue en pleine nature sauvage avec un feu de bois et personne à l’horizon ! Cette image n’est pas si éloignée de la réalité. En fait, elle correspond trait pour trait au concept de bivouac que nous connaissons de nos jours. Nous allons revenir dessus ensemble et voir quelle est la différence avec un camping sauvage. Puis, nous verrons comment préparer cet instant solitaire en amont de la randonnée et comment faire en sorte qu’il se passe bien une fois arrivé sur place. Êtes-vous prêt à aborder tout ce que vous devez savoir sur le bivouac en randonnée ?
Qu’est-ce qu’un bivouac ?
Sauriez-vous définir un bivouac ? Êtes-vous capable de faire la différence entre le bivouac et le camping sauvage ? Probablement pas, mais ce n’est pas grave car nous allons revenir ensemble sur ces notions fondamentales pour bien comprendre de quoi nous parlons.
Le principe du bivouac : que dit la loi ?
Le dictionnaire Larousse donne une définition claire du bivouac, c’est « un campement transitoire en plein air » et « un campement temporaire des troupes en plein air ». Selon l’article R111-33 du Code de l’Urbanisme, le bivouac et le camping sauvage sont interdits :
- Sur les rivages maritimes ou les sites inscrits (Patrimoine mondial par exemple)
- Dans le rayon des 500 mètres autour des sites classés ou Monuments Historiques
- Sur les routes et les chemins
- Sur les terrains privés (sauf autorisation expresse du propriétaire)
- Au sein des espaces boisés préservés
Par contre, il nous faut aborder le cas des Parcs Nationaux ou des Parcs Naturels Régionaux qui possèdent chacun leurs propres règles. Certains l’interdisent totalement, comme le célèbre Parc National des Calanques, près de Marseille. Mais la plupart, comme celui des Écrins et celui des Cévennes l’autorisent sous certaines conditions. Ainsi, ces deux exemples autorisent le bivouac entre 19h et 9h du matin le lendemain, sous réserve que vous vous trouviez à plus d’une heure de marche du réseau routier ou des limites géographiques dudit parc.
Différence entre bivouac et camping sauvage
Dans la loi française, rien ne différencie vraiment le camping sauvage du bivouac à proprement parler. Toutefois, c’est bien la notion « temporaire » qui montre la différence fondamentale entre ces deux pratiques de plein air. Là où le camping sauvage peut durer plusieurs jours et plusieurs nuits, sans démonter le campement entre temps, le bivouac se déroule entre le coucher et le lever du soleil. Il sert uniquement à se reposer dans un lieu éloigné de tout, alors même qu’aucun lieu de repos n’existe aux alentours. Il est alors considéré comme un campement léger indispensable au repos du randonneur ou du sportif. À cause du manque de sites de repos et de refuges, les chaines de montagnes sont propices au montage d’un bivouac pour la nuit.
La préparation du bivouac : réfléchir à l’emplacement
Bien qu’un bivouac puisse parfois s’improviser par les randonneurs et les alpinistes expérimentés, il faut absolument préparer votre tout premier bivouac avant de partir !
Savoir définir le lieu du bivouac
Nous avons déjà abordé l’étape de la préparation et de l’organisation de la randonnée. Nous avions vu que l’étude du parcours, le calcul de dénivelé et l’estimation de votre vitesse de marche en randonnée pouvaient être d’une grande aide. Tous ces outils vous permettront d’anticiper le meilleur endroit où installer votre futur premier bivouac. En connaissant le parcours, le dénivelé et votre vitesse de marche, vous saurez sélectionner le lieu le plus sécurisé pour que ce premier bivouac se passe très bien. Vous aurez également l’opportunité de vérifier les autorisations ou les éventuelles interdictions des Parcs Naturels français. Le fait d’emporter un GPS de randonnée pourra même vous aider à trouver le site parfait à quelques dizaines de mètres près. Dans nos articles du bushcraft ou traitant des bases de la survie en forêt, il était déjà question de la recherche du lieu idéal où installer un campement. Le lieu idéal pour installer votre bivouac en sera très proche. Voici donc quelques bases pour vous faciliter la vie lors de la préparation de la randonnée :
- Trouvez un terrain plat et naturellement abrité du vent et de la pluie si possible (entrée de grotte, falaises)
- Installez-vous loin du lit d’une rivière ou d’un fleuve, pour ne pas être pris au dépourvu s’il y a une crue
- Évitez les lieux en rase campagne ou sous un arbre par temps orageux
Surveillance des conditions météorologiques
Si vous préparez à l’avance votre premier bivouac, vous aurez la chance de pouvoir sélectionner la meilleure saison pour cela ainsi qu’une période beau temps. Si vous le pouvez, ne vous lancez pas dans un bivouac par temps de pluie ou en plein hiver ! Pour obtenir une précision maximale, regardez la météo 3 jours avant de partir, maximum ! Au-delà, les risques de la voir évoluer sont trop grands et vous risqueriez d’avoir de mauvaises surprises. Pour des informations fiables et à jour, préférez les sites Météo France ainsi que La Chaine Météo. Si, après vérification, vous vous rendez compte que le temps sera à l’orage alors ne prenez aucun risque et repoussez votre idée de premier bivouac.
L’équipement indispensable du bivouac
Nous arrivons dans le vif du sujet ! L’équipement à emporter si vous comptez dormir à la belle étoile va sensiblement varier par rapport aux randonnées pendant lesquelles vous passez vos nuits en gites ou en refuges. Focus sur ces différences et sur le matériel à ne surtout pas oublier chez vous.
La tente et le matériel de couchage
Qui dit bivouac dit forcément nécessité de monter un campement léger simple et rapide à replier le lendemain matin. Pour cela, je vous conseille d’emporter un nécessaire de couchage identique à la marche ultra-légère (MUL). Légers, chauds et faciles à ranger, les sacs de couchage de MUL sont très intéressants également pour le bivouac. Si c’est la première fois que vous partez pour plusieurs jours en autonomie, notez qu’il vous faudra 3 objets dédiés au repos : la tente, le matelas et le sac de couchage. Pour un bivouac, ces 3 équipements essentiels sont largement suffisants pour passer une bonne nuit réparatrice. Pour la tente, la MSR Hubba NX est toute indiquée avec sa légèreté et son indice d’imperméabilité adapté aux climats de France. Pour le matelas, je vous conseille les modèles de la marque Thermarest, qui se replient rapidement et pèsent moins d’un 1 kg. Puisque votre premier bivouac devra se faire à la belle saison, donc en été, vous aurez besoin d’un sac de couchage léger et dont la température de confort tourne autour de 10°C (pour la montagne, alors qu’il peut geler en été, emporter plutôt un modèle à température de confort de 0°C).
La gestion de l’eau : production d’eau potable
Le soir, après avoir monté votre bivouac, vous serez pratiquement considéré comme étant « en totale autonomie ». C’est-à-dire que vous ne dépendrez que de vous-même pour subvenir à vos besoins. De plus, vous ne pouvez pas monter votre campement temporaire à moins de 200 mètres du premier accès à l’eau propre. Alors que vous serez éloigné de l’eau potable et courante la plus proche, il vous faudra être auto-suffisant avec elle. La paille Lifestraw peut être une vraie solution en pleine randonnée et dans la nature sauvage, mais elle est n’est pas prévue pour un bivouac. Elle vous obligerait à trouver de l’eau quelque part puis de boire « à la source », donc loin de votre propre campement. Par contre, le purificateur d’eau portable est une vraie solution. Portatif, il vous permet de purifier n’importe quelle eau que vous trouvez dans la nature. En d’autres termes, une eau non potable devient potable grâce à un procédé de filtration complexe. Les poches à eau, qui stockent jusque 12 litres tout en la purifiant, vous permettront d’avoir de quoi boire et de quoi faire à manger !
La question de la nourriture en bivouac
Vous vous en doutez, mais il n’existera pas d’auberge ou de restaurant à proximité immédiate de votre bivouac ! Vous devrez donc emporter de la nourriture et la préparer sur place. Pour cela, un feu de camp sera de mise. Pour savoir comment en fabriquer un rapidement et l’allumer, je vous renvoie à l’article qui traite du firesteel et à celui sur les méthodes pour faire du feu en survie. Grâce aux poches à eau dont nous avons parlé précédemment, vous disposerez aussi d’une eau potable que vous pourrez faire chauffer. Pour cela, la popote de randonnée est de mise ! N’oubliez pas non plus d’emporter un set de couverts légers comme ceux que l’on trouve chez Nature et Découvertes ou Decathlon. Un couteau de survie peut aussi vous être d’un grand secours si vous devez couper ou ouvrir quelque chose. Si vous le souhaitez, vous pouvez emporter une tasse de randonnée afin de vous préparer un café lyophilisé ou un thé ! Mais revenons à l’eau chaude. Savez-vous à quoi elle peut vous servir, dans le cadre des trois repas de la journée ? Tout simplement à réhydrater les plats lyophilisés que vous allez emporter. Pour cela, je vous renvoie à notre article complet sur les plats lyophilisés, qui fait le tour du sujet. Pensez aussi à emmener quelques barres énergétiques pour supprimer les petites fringales de la journée.
L’hygiène et la santé
Dans la vie de tous les jours, l’hygiène et la santé sont deux notions à ne pas prendre à la légère. Pour le bivouac, c’est encore plus le cas car le manque de repères ou le fait de ne pas être habitué à cette pratique peuvent rendre l’expérience à risques.
Comment se laver en bivouac ?
Si vous partez pour votre premier bivouac sans faire de randonnée, vous pourrez emporter la douche de camping portative, comme le fait par exemple Decathlon. Normalement, l’eau contenue dans cette douche est chauffée par le soleil après plusieurs heures d’exposition. Dans le cadre du bivouac, vous n’en aurez pas le temps à cause des heures autorisées (19h -9h la plupart du temps). Heureusement, une technique permet de corriger le tir sans avoir besoin du soleil. Remplissez la douche aux 2/3 avec de l’eau froide puis remplissez le dernier tiers avec de l’eau bouillante. La température sera d’environ 35°C. Pour faire chauffer l’eau, utilisez votre popote ! Bonne douche !
Si, par contre, vous partez pour une randonnée avec bivouac pour la nuit, l’option douche ne sera pas faisable. Si vous vous trouvez à proximité d’un cours d’eau à l’abri des regards et que la température de l’eau ne vous fait pas peur, sachez que vous pourrez vous laver dedans à condition d’utiliser un savon respectueux de l’environnement comme le savon d’Alep. Vous n’êtes pas à proximité d’un cours d’eau et ne savez pas comment faire pour vous laver ? Remplissez la casserole ou la popote d’eau froide et faites-là légèrement chauffer. Lavez-vous avec le savon d’Alep puis rincez doucement avec l’eau chauffée. Pour ne pas gaspiller trop d’eau, je vous conseille d’utiliser une fleur d’eau imbibée d’eau.
La santé : le matériel de soins à emporter
Loin de tout durant cette première expérience de bivouac, vous devrez donc redoubler de vigilance afin d’éviter de vous blesser durant la randonnée. Dans le cas où vous vous blesseriez quand même, voici le matériel de randonnée lié à la santé que vous devez emporter à tout prix :
- Une trousse de premier secours : elle contient des bandelettes, des pansements, un antiseptique et de l’alcool dans certains cas ; elle vous permettra de soigner l’urticaire, les coupures et les blessures légères. Cliquez ici pour tout savoir sur quoi mettre dans une trousse de secours.
- Une couverture de survie : après une blessure grave, la température du corps diminue dangereusement. Dans ce cas, la couverture de survie peut véritablement vous sauver la vie. Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à consulter notre article dédié.
- Un sifflet de secours : il vous permettra d’attirer l’attention des badauds sur vous à plusieurs centaines de mètres à la ronde. Voir l’utilité du sifflet en randonnée dans notre article spécialisé.
- Une pince anti-tiques : elle vous permettra de retirer les tiques en toute sécurité et entièrement. Voir notre article dédié pour tout savoir sur les tiques et la maladie de Lyme en randonnée.
Vous comptez emmener votre chien en randonnée et passer la nuit dehors avec lui ? Ne manquez pas notre guide complet sur les choses à faire et à ne pas faire avec son chien en randonnée !
Astuce : Pensez à emmener un produit contre les moustiques et à emporter un appareil aspivenin si vous partez dans un lieu où les guêpes pullulent !
Ce que vous ne devez pas faire quand vous êtes en bivouac
Autorisé quasiment dans toutes les plus belles régions naturelles françaises, le bivouac est pourtant mal vu par la plupart des gardes forestiers et des personnes gérant les parcs. La faute bien souvent aux personnes qui ne respectent malheureusement pas l’environnement qui les a accueillis durant la nuit ! Pour que le bivouac reste autorisé, n’oubliez pas de respecter la faune et la flore alentours et surtout au sein des Parcs Naturels Régionaux ou Nationaux où elles sont toutes deux protégées. Ne laissez pas non plus trainer vos détritus : sacs poubelles, papier toilette, emballages de nourriture. Pour la sécurité de tous, pensez à éteindre votre feu de bois le soir même de son allumage et n’en allumez surtout pas au sein des espaces secs ou en état de sécheresse ! Faites tout pour ne pas polluer les eaux et forêts avec un gel douche ou du dentifrice non respectueux de l’environnement. Cela nuit à la santé des poissons et de la flore aquatique. Enfin, et c’est simplement du bon sens, mais vous devez simplement laisser la nature aussi propre que lorsque vous l’avez trouvée la veille.
Pour conclure
Pour résumer, un premier bivouac se prépare plusieurs jours avant le début d’une randonnée. Il faut connaitre le parcours à prendre, savoir calculer sa vitesse de marche et savoir où s’arrêter avant même d’avoir entamé le premier kilomètre. L’utilisation d’un GPS de randonnée vous permettra de pointer l’emplacement prévu chez vous et de le trouver sur place avec une précision de moins de 10 mètres. Choisissez toujours un lieu isolé, respectueux de la loi en vigueur sur le camping sauvage et qui soit à l’abri des intempéries. Pensez à vérifier la météo avant de partir et à choisir la belle saison pour tenter cette expérience d’un premier bivouac. Emportez le strict nécessaire en matériel : tente et matériel de couchage, de quoi transformer l’eau en eau potable et de quoi vous préparer à manger. N’oubliez pas la fameuse lampe frontale car vous monterez votre campement tard et partirez aux aurores le lendemain matin. Emportez toujours de quoi vous laver : savon d’Alep et si possible, une douche solaire, et emportez une trousse de premiers soins. Contre les insectes, pensez à la pince anti-tiques, à la crème anti-démangeaisons ainsi qu’à l’aspivenin contre les piqures de guêpes. Maintenant que vous êtes paré, vous n’avez plus qu’à profiter de l’instant présent au milieu de la nature, tout en n’oubliant pas de contribuer à sa préservation. Profitez bien !
La FAQ du bivouac
🏕️Le bivouac est-il autorisé en France ?
Oui, il est autorisé partout où aucune interdiction n'est en vigueur. Il existe simplement quelques restrictions à connaître et savoir que certaines municipalités en réglementent la pratique. C'est une bonne base de savoir qu'il est interdit de bivouaquer dans/sur :
- Les forêts, bois et parcs classés comme espaces à conserver ou comme réserves naturelles
- Les routes et chemins publics
- Les bords de mer
- À moins de 200 mètres d’un accès à l’eau propre à la consommation
- À moins de 500 mètres d’un monument historique, classé ou inscrit au patrimoine
- Sur tous les sites classés dans les zones de protection du patrimoine de la nature
- Les chemins et terrains privés
Attention aussi aux règles de certains parcs régionaux ou nationaux, vous devrez toujours vous renseigner un minimum avant de poser votre tente. Un exemple, le bivouac est autorisé de 17h à 9h dans le parc naturel régional du Vercors sans contrainte spécifique alors que dans le parc national des Pyrénées, vous devrez être à plus d'une heure de marche de tout sentier motorisé et attendre 19h avant de pouvoir planter votre campement.
🏕️Quelle est la différence entre le bivouac et le camping sauvage ?
Le bivouac est le fait d'installer un campement sommaire à la tombée de la nuit et de repartir au matin alors que le camping recouvre toutes les installations plus permanentes : sur plusieurs nuits ou avec un équipement lourd. S'installer en camping-car pour plusieurs jours est par exemple considéré comme du camping sauvage.
🏕️Quel matériel faut-il emporter au minimum pour un bivouac ?
Les deux indispensables pour un bivouac seront votre abris, une tente ou un tarp et de quoi avoir chaud la nuit : un sac de couchage. En dehors de ces éléments, il peut être intéressant de disposer d'un tapis de sol pour augmenter votre confort durant la nuit. Une lampe frontale est fortement recommandée même si vous pouvez vous en passer si vous avez votre smartphone, on la recommande tout de même pour la liberté de mouvement qu'elle apporte et pour préserver la batterie de votre smartphone.
Enfin vous pouvez choisir d'emporter un réchaud à gaz ou autre mais c'est le plus pratique pour cuisiner au grand air, il vous faudra donc emporter une cartouche de gaz et un set d'ustensiles de cuisine comme ceux proposés par Popote.
🏕️Quelles sont les règles à respecter pour un bivouac ?
La règle numéro 1 à suivre en bivouac est le Leave No Trace, en français, ne pas laisser de trace. En d'autres termes, vous devez laisser l'environnement tel que vous l'avez trouvé à votre arrivée. Vous aimez la montagne ? Alors ne laissez jamais un détritus derrière-vous.
🏕️Peut-on faire du feu en bivouac ?
S'il n'est pas interdit formellement de faire du feu dans votre zone de bivouac alors rien ne vous en empêche. Dans l'idéal, il ne faudrait faire un feu qu'en cas d'ultime nécessité et privilégier le réchaud pour cuisiner. Si vous étiez amené à faire un feu, protégez le foyer en l'entourant de pierres et creusez légèrement l'endroit où vous allez faire partir votre feu. Avant de partir, recouvrez intégralement votre feu (rappelez-vous, ne pas laisser de traces) ce qui aidera à la régénération de la zone détruite par le feu.
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